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Géorgie : entre nature et ruines soviétiques

Les parcs naturels de Vashiovani et de Chachuna sont à la limite de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan. Nous avons fait tous les papiers nécessaires pour y entrer (enregistrement et permis frontaliers), la météo prévoit enfin 3 jours de beau temps avant que la pluie ne revienne, c’est le moment d’en profiter. Les pistes sont encore très boueuses, les oueds ont connu des grosses crues, heureusement ça sèche vite. Mais la veille, sous la pluie, le trajet aurait été impossible. Comme on longe la frontière et que les militaires patrouillent régulièrement, les mauvais passages ont été grossièrement réparés au bull.

On passe assez brutalement de paysages agricoles verdoyants d’abord cultivés puis pâturés, à des forêts claires de genévriers et de pistachiers puis à des steppes arides. Le parcs sont dits « naturels » mais en réalité le pâturage est encore intensif. Des expériences sont en cours : des parcelles ont été clôturées pour être hors de portée des troupeaux. A l’intérieur, l’herbe est haute et à certains endroits des buissons se sont installés en formation très dense. La steppe clairsemée qui nous entoure est loin d’être « naturelle », mais c’est bien la conséquence du pastoralisme. C’est le cas un peu partout dans le monde, que ce soit dans nos Alpes, en Mongolie ou en Afrique. On a souvent tendance à oublier que nous vivons dans des paysages complètement transformés par les hommes et leurs troupeaux, même dans des régions à faible densité de population.

L’herbe est haute à l’intérieur des enclos à l’abri des troupeaux

On traverse de magnifiques couches de grès et de marnes inclinées recoupées en canyon par les rivières. Ces couches de sable aggloméré correspondent à une ancienne zone deltaïque, une espèce de Camargue basculée à 45 degrés ! L’érosion a creusé de profondes ravines dans ces roches tendres et formé de splendides paysages de badlands. On trouve même quelques fossiles de coquillages, mais rien d’autre que quelques tellines et vongoles très fragiles.

Depuis le début du voyage de l’autre côté de la Caspienne, les animaux que l’on rencontre le plus fréquemment sont les tortues. On en rencontre une qui vient de pondre sur un sentier mais qui a oublié d’enterrer un de ses œufs (on termine le boulot!). On a aussi le plaisir de voir de nombreuses gazelles. L’une d’entre elle a mis bas pas très loin de la tente. La matin on voit un des petits faire ses premiers pas chancelants (avec les jumelles pour ne pas les déranger). On croise beaucoup de rapaces, des lièvres et deux gros serpents 😱 Le premier – qui a une drôle de tête pour un serpent – est en fait un orvet (un lézard sans pattes donc), mais un gros! C’est l‘orvet géant des Balkans. L’autre est une belle vipère 😱😱😱

Dans cette région peu peuplée et essentiellement rutale, les paysages sont sont marquée par la présence de nombreux vestiges de l’ex URSS. On explore un ancien aérodrome où subsistent une dizaine de hangars fermés (peut-être contiennent-ils encore des vieux avions ?), une épave de MIG-15 et des lambeaux de pistes d’atterrissage. On traverse des kolkhozes (fermes collectives soviétiques) complètement en ruines, dans lesquelles vivent encore quelques familles d’éleveurs. Les lignes électriques qui desservaient la région sont dépourvues de fils. On bivouaque à côté d’un lac de barrage qui était censé irriguer la région, mais les infrastructures sont à demi abandonnées et les tours de contrôle sont désaffectées. Sur les crêtes, au milieu des pâturages, subsistent d’anciennes pompes de pétrole délaissées avec des cuves encore à moitié pleines suintant de goudron.

Aujourd’hui une partie de la région se réoriente vers l’agriculture intensive, avec d’immenses parcelles labourées, des rampes d’asperseurs, des vergers irrigués à perte de vue et des « mega-bassines » en construction. Des profondes tranchées sont en train d’être creusées autour de très grandes parcelles (cultivées ou non), leur fonction nous échappe… Peut être pour enterrer la fibre…? 😉