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Notre véhicule

Après plusieurs années de voyage à moto pour Laurent, et à pied pour Cécile, nous avons opté pour un véhicule de voyage plus confortable. Pour nos expéditions, il nous fallait un 4×4 robuste, simple à l’entretien et facile à réparer. Lors de ses périples à moto, Laurent avait croisé des dizaines de 4×4 en Afrique ou en Asie, et avait eu l’occasion de discuter avec les propriétaires – et également d’assister à des réparations. Une chose en ressortait : la fiabilité et la robustesse ne sont plus une priorité des constructeurs actuellement : ils préfèrent sortir des modèles performants et confortables, mais également bourrés d’électronique et de perfectionnements difficilement compréhensibles pour le mécanicien de brousse.

Deux écoles s’opposent donc :

  • le choix du véhicule performant, moteur turbo, puissance pour passer dans les dunes, consommation réduite, confort sur route : des modèles comme les série 80 ou 100 de Toyota, etc.. c’est le choix idéal pour une virée de quelques semaines au Maroc avec les copains.
  • le choix de la fiabilité et l’endurance : des modèles comme le célèbre Landrover defender, la série 7 de Toyota, etc… Par rapport aux véhicules plus récents, on perd en performance et on augmente la consommation… pas forcément un bon choix en apparence pour de longs voyages. Par contre, ces inconvénients sont compensés par une simplicité de conception qui fait que l’on pourra réparer dans des conditions très primitives. L’’absence de tout gadget sophistiqué et d’électronique fait que la fiabilité est forcément beaucoup plus grande. Et les pannes plus faciles à diagnostiquer.

Parmi cette dernière catégorie, les Landrover et les Toyota sont de loin les plus fréquents sur les pistes, même les plus improbables. Discuter des avantages de l’un par rapport à l’autre revient à défendre les avantages du Mac par rapport au PC, voire de l’OM face au PSG… bref, on entre dans les guerres de religions. Ce qui est clair par contre, c’est que si on rencontre beaucoup de Landrover en Afrique, ils sont beaucoup moins répandus en Asie, en Australie et en Amérique du Sud. Les pièces et les mécanos qui s’y connaissent y sont donc aussi plus rares.

Finalement, notre choix s’est porté sur une vraie bête de somme, un véhicule conçu pour être robuste et simple à entretenir et plus un utilitaire qu’une voiture de plaisance : le HZJ 78. Le problème est que ces engins sont très recherchés et donc rares en occasion. Et inutile d’essayer d’en acheter un neuf, ils ne sont plus importés depuis 2001, car ils ne répondent plus aux dernières normes antipollution européennes (par contre ils se vendent encore comme des petits pains auprès des ONG pour sillonner les pistes d’Afrique et d’Asie).

Après de longues recherches, nous avons trouvé un Landcruiser HZJ 78 de 2001, avec 210 000 km au compteur, en Allemagne, ce qui nous a obligé à passer par le processus abscons (et cher) d’immatriculation d’un véhicule étranger en France. Moteur et châssis sain, il est déjà équipé d’un réservoir supplémentaire de 170 litres (avec une fuite), du blocage de différentiel avant et arrière (non fonctionnel), de la climatisation (cassée) et d’un chauffage d’appoint Webasto. Illustration parfaite de la philosophie du véhicule, tous ces éléments sont optionnels et n’empêchent nullement de rouler, l’essentiel (châssis et moteur) étant en bon état.

A part le réservoir supplémentaire, le chauffage et l’attelage (qui sautera), il est parfaitement d’origine : il est équipé derrière de deux banquettes latérales pour transporter des passagers. Il est homologué 7 places en Allemagne, mais en France on ne peut normalement l’immatriculer qu’en 2 places – ce qui nous convient très bien.

Le moteur de 6 cylindres 4 litres est impeccable, après 210 000 km il est à peine rodé… il ne fait que 130 chevaux, ce qui est un peu sous-dimensionné pour un poids de presque 2 tonnes, et donc certains seront tentés d’y greffer un turbo. C’est une modification assez courante, qui a l’avantage de permettre de passer plus facilement les dunes et les cols de haute altitude, mais qui va à l’encontre de notre règle de base : simplicité et fiabilité. Les problèmes de surchauffe ne sont pas rares sur ces véhicules modifiés, et bien sûr le turbo est un élément de plus qui peut tomber en panne.

Préparation

La préparation suivra deux axes : la mécanique et l’aménagement pour le voyage au long cours. En effet, si ce véhicule est considéré comme “increvable”, c’est uniquement si on l’entretient régulièrement, ce qui n’a pas forcément été le cas du précédent propriétaire. Du coté de l’aménagement, la première décision sera de savoir comment on y dormira. Plusieurs possibilités s’offrent à nous :

  • la plus simple, charger l’arrière de tout notre équipement et dormir sur une tente à coté. C’est comme ça que Laurent vivait lors de ses voyages en moto, donc il sait exactement à quoi s’en tenir… mais pourquoi s’encombrer de 2 tonnes de ferraille si c’est pour vivre comme avec un moto de 250 kg ? (à part le fait d’être au sec et d’avoir un frigo, bien sûr).
  • créer des banquettes derrière et un agencement qui permette de dormir à plat à deux. C’est aussi pour cela que l’on a choisi un châssis long. Par contre, en largeur c’est pas vraiment tout confort : 1m40 c’est un peu serré (sic) et dormir dans une boîte de conserve ne nous enthousiasme pas plus que ça.
  • découper le toit et créer un couchage sous un toit relevable. C’est la solution la plus luxueuse et confortable, avec toutefois un léger bémol : il faut compter environ 8000€ pour le faire installer ! hors de notre budget (limité) donc.
  • installer une tente sur le toit, qui se déplie en 2 minutes et offre un couchage de 2m sur 1m60, sur un vrai matelas et sous une vraie couette. C’est le plus confortable, pas si cher que cela, avec le léger défaut d’ajouter du poids tout en haut du véhicule, et donc du ballant. Le look s’en ressent aussi, mais c’est le dernier de nos soucis.

On a choisi la solution de la tente de toit, achetée d’occasion et posée sur une galerie robuste (d’occasion également). Mais en même temps, on prévoit de pouvoir dormir à l’intérieur, pour deux raisons : lors de conditions trop difficiles, par grand vent ou sous le déluge, on restera bien tranquillement à l’intérieur ; et lorsqu’il ne sera pas très discret de déplier une tente, par exemple si on dort sur un relais routier ou sur un parking. On ne part pas dans ce but, mais sur certains trajets on n’a pas forcément le choix. La contrainte par contre est assez forte : pour pouvoir créer un couchage relativement confortable, il faudra pouvoir disposer de la totalité de la longueur et de la largeur du véhicule, cela exclut donc de créer des armoires qui prennent tout le coté du véhicule.

Quelques beaux bivouacs en Mongolie où déplier la tente fut un vrai bonheur

Aménagement intérieur

Commençons donc par dépouiller l’intérieur de ses banquettes et du tapis de sol, d’un magnifique plastique gris. On en profite également pour enlever les caches de la cloison intérieure (en carton, s’il-vous-plait). On les remplacera par du contreplaqué léger, plus résistant.

On profitera d’isoler avec des panneaux de cellulose, plus facile à manipuler que de la fibre de verre. Cela permettra d’éviter de transformer l’intérieur en fournaise en été et en frigo en hiver, et cela limitera un peu les problèmes de condensation.

A l’intérieur des cloisons passeront également l’électricité et l’eau, comme pour une maison quoi.

Au fond, on pose un vrai plancher robuste, en contreplaqué de marine du genre qui est posé sur les ponts de camion. Avec ça on a une surface plane et facile à aménager. On y pose deux rails pour pouvoir arrimer des caisses, c’est toujours utile. On construit deux rangées de coffres latéraux qui permettent de stocker nos affaires et nos outils. On peut s’y asseoir en cas de mauvais temps et bouquiner ou cuisiner à l’abri des intempéries.
Une planche positionnée entre les deux banquettes les transforme en couchage de 140 de large. Le moindre recoin est utilisé, y compris l’intérieur des porte arrière. Sur celle de droite, le réchaud à gaz est fixé sur une tablette relevable. L’eau est stockée dans un réservoir de 70 litres placé derrière le siège conducteur sous le frigo. Justement, parlons-en du frigo. On a choisi le modèle le plus répandu, testé et abusé par des milliers de 4x4istes australiens, mais qui coutera un bras!

A gauche, inséré dans la cloison, le vase d’expansion du circuit d’eau pour amortir les chocs du robinet sur la pompe (hmmm… plastique.. je lui donne pas cher, enfin, si besoin on le remplace par un tuyau). Une pompe, un chauffe-eau électrique de 3 litres raccordé à un mitigeur
et une douchette permettent de prendre des (courtes) douches chaudes.

Au fond à droite, le chauffage auxiliaire posé sur le sol, qu’on ne déménagera pas par simplicité (fainéantise ?). Posée au fond, la batterie auxiliaire pour le frigo et autres appareils, qui prendra place contre la cloison à coté du chauffage.

Le HZJ au départ
vidé
après aménagement, en version couchette

4X4 TOUT TERRAIN n°334 nous consacre un article sur la préparation de notre véhicule.


Mécanique

La protection indispensable des ponts et des boîtes est assurée par des blindages. Côté suspension, nous avons changé les lames pour des modèles adaptées au poids plus important de l’équipement. Des jumelles anti-retournements se sont avérées indispensables. Avec ce montage, la caisse s’est trouvée surélevée de 5 cm ce qui optimise les capacités de franchissement. L’alimentation en gazole est protégée par un pré-filtre. Nous avons ajouté un schnorkel en prévision des passages à gué.
En général, nous démarrons nos expéditions avec des pneus neufs, montés sur des jantes en acier qui sont plus faciles à réparer que des jantes en alliage.

Retour sur les grosses pannes depuis 5 ans

Au total nos aménagements se sont révélés assez robustes pour résister depuis 6 ans à plusieurs mois de voyage entre le Mongolie et l’Iran. C’est bien évidemment les 3 mois passés sur les pistes mongoles que la voiture a le plus souffert. Il a fallu ressouder la galerie plusieurs fois. La porte arrière a souffert avec le poids de la roue de secours, et nous nous sommes finalement décidés à opter pour un porte roue.


Notre premier gros problème a été celui des injecteurs. Après avoir hiverné notre véhicule à Bishkek, le printemps suivant nous fumions blanc et n’avancions plus dans les cols de montagne passé 2000m d’altitude (voir ici). Impossible de comprendre pourquoi, alors que notre véhicule montait sans problème à 3000m l’année précédente. Nous nous sommes résolu à ouvrir la bête et à confier le réglage des injecteurs à un petit diéséliste d’Osh.


Autre souci : les lames de suspensions. Contrairement à ce qu’on nous avait dit notre garagiste avant de partit en France, les jumelles anti-retournement se sont révélées indispensables. Sauf que nous ne les avions pas ! Il a donc fallu faire reformer les lames dans un petit garage spécialisé à Osh. Et nous sommes repartis l’année suivante avec les précieuses jumelles.


Après de nombreuses traversées de gué en Mongolie, on a vu que de l’eau était passée dans le pont avant… pas très bon ça! Heureusement on s’en est rendu compte à temps, avant de péter le diff.