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Frontière Kyrgyzstan – Ouzbékistan

Ces deux pays sont ouverts et ont facilité au maximum la vie des touristes: pas de visa, pas de test PCR obligatoire (si on est vacciné). Et s’il est actuellement difficile d’y arriver par la route depuis l’Europe, il est très facile de passer d’un pays à l’autre, quoiqu’il n’y ait qu’un seul poste frontière ouvert aux touristes: celui de Dostuk, près d’Osh. Les autres points de passage dans la Ferghana sont réservés aux Ouzbeks et aux Kirghizes.

Du coté Kirghize, on a l’impression d’arriver dans un chantier: la route n’est plus goudronnée et les formalités se font dans des containers. Du coté ouzbek par contre, un bâtiment tout neuf abrite les bureaux.

Dans le sens Kirghizistan – Ouzbékistan, on s’arrête tout d’abord devant les guichets de l’immigration, mais le conducteur est dirigé quelques containers plus loin pour valider son permis d’importation temporaire, celui que vous avez reçu en entrant dans la zone douanière commune à la Russie, au Kazakhstan et au Kirghizistan. Ils vérifient que vous êtes dans les délais et l’entrent dans l’ordinateur (ce qui peut prendre 20 minutes…), puis font une visite rapide de la voiture avant de vous envoyer tamponner votre passeport.

Ceci fait, vous pouvez rouler vers la zone ouzbek au milieu des camions en attente. Tout d’abord il faut passer sous un portique de désinfection (pas sûr si les motards doivent aussi y passer ?) puis, juste au portail d’entrée, il y a une petite guérite où vous devez obtenir un papier avec plusieurs cases qu’il faudra remplir avec des tampons pour pouvoir sortir (un formulaire par véhicule). Le papier et ses tampons sera vérifié au portail de sortie.

Vous vous garez ensuite devant le bâtiment qui réunit tous les guichets. Première étape (et temporaire on l’espère), aller tout au fond vers un bureau o`u on vérifiera votre certificat de vaccination (ou test PCR si vous n’en avez pas). Comme à l’aéroport de Bishkek, le gars semble vérifier le QR code à vue… enfin, l’important c’est que l’infirmière vous donnera votre premier tampon. Ensuite, les deux guichets du fond vous donneront des certificats phyto-sanitaires et vétérinaires. On vous demande rien, c’est juste pour avoir 2 tampons de plus. Prochaine étape, l’immigration, premier guichet à l’entrée. Pas de visa pour nous (Française et Suisse), donc pas de souci.

Puis il faut ressortir et passer la fouille du véhicule. Un chien passe en premier pour renifler si on aurait pas laisser un vieux camembert sous un tapis, ensuite un officier vient effectuer une fouille plus ou moins poussée, mais de manière générale bien plus sérieuse que les Kirghizes. Dans notre cas, il a fait ouvrir tous les sacs et tous les caissons/placards, mais sans rien sortir, juste un coup d’oeil superficiel. Pas de question sur les médicaments ou sur le drone (ces derniers sont interdits; le notre était pas hyper-bien caché, mais pas en évidence non plus).

Une fois ce test passé avec succès, il ne reste plus qu’à chercher les derniers tampons au deuxième guichet à l’intérieur, celui des douanes. Vous êtes ensuite libérés, il suffit de de montrer le papier bien rempli au garde qui ouvrira le portail de sortie.

Juste à la sortie, il y a une série de commerces et une petite guérite qui vend des assurances (страхование en russe). C’est extrêmement bon marché, on a payé 14’000 sous pour 10 jours, soit 1,50€… pas sûr de la couverture que cela nous offre, mais cela devrait plaire aux éventuels contrôles de la maréchaussée (plutôt rares d’ailleurs). Vous trouvez également les inévitables changeurs d’argent qui vous permettront de vous débarrasser de vos derniers soms pour de nouveaux soms (on a négocié 120 soms ouzbeks pour 1 som kirghize; pas excellent mais pas dégueulasse non plus). Notez qu’il n’est plus intéressant de changer au noir; lors de notre denier passage, on obtenait à peu près deux fois plus d’argent en changeant au noir dans la rue plutôt que dans un bureau de change ou depuis un bancomat. Ce système est fini, depuis septembre 2017 le taux officiel est aligné au prix de la rue.

Dans le sens inverse, la seule difficulté potentielle sera d’obtenir un permis d’importation temporaire le plus long possible, si c’est important pour vous. Insistez, il est légalement possible d’obtenir jusqu’à 12 mois. N’oubliez pas que vous garderez ce papier pour le Kazakhstan et la Russie (si elle rouvre un jour). Si vous ne faites que passer en route vers le Tadjikistan, recevoir un permis de 3 mois n’est pas un souci. L’assurance n’est pas obligatoire au Kirghizistan, donc vous n’en trouverez pas en sortie de douane comme c’est souvent le cas, mais dans un bureau d’assurance en ville.

Dans tous les cas, il n’y a rien à payer, ni d’un coté ni de l’autre, et pas de souci de corruption non plus.

Sauf, bien sûr, si vous n’êtes pas en règle. Ce qui était notre cas, puisque notre permis d’importation était expiré depuis 1 mois (30 jours en fait). Les conséquences ne sont pas énormes en terme d’amende: 10€ environ. Le problème, c’est que pour rédiger et payer l’amande, il nous a fallu… 6 heures!

Malheureusement, il a été impossible de convaincre les douaniers de nous laisser passer, alors qu’en 2021, en pleine pandémie, notre mécano a pu passer sans problème avec notre permis expiré depuis 6 mois (voir notre article précédent). Ensuite, il ne s’agit pas juste de remplir un PV et payer l’amende. Non, ce serait trop simple! D’abord, un douanier commence à rédiger un rapport à la main sur une 1/2 page blanche: son plus long exercice depuis la 5e, j’imagine, puisque cela lui a pris bien 1/2 h. Ensuite, il faut amener ce rapport au bureau des douanes situé de l’autre coté d’Osh, a 1/2 h de voiture avec les embouteillages. Très gentiment, un douanier propose de m’y amener un voiture, ce qui part d’un bon sentiment, mais qui finalement ne nous rendra pas du tout service. Donc je laisse Cécile, qui commence à connaître tous les garde-frontières par leur prénom, et je pars au bureau.

Coup de bol, j’y fais la rencontre d’un fonctionnaire qui parle bien anglais, ayant fait des études en Angleterre. Sauf qu’il n’est pas très au point coté procédure. Déjà, le cas est complexe puisque la voiture est au nom de Cécile, mais le permis d’importation est au nom d’un Kirghize, le mécano qui a fait l’aller-retour en Ouzbékistan en mars 2021 pour nous. Et je suis qui, moi, dans ce bigntz ? Donc il faut d’abord appeler le chauffeur (son employeur en fait), qui explique la situation et fournit même une lettre explicative par WhatsApp. Ensuite, il faut lui montrer la procuration qu’on avait faite au chauffeur. Malgré cela, la situation lui échappe et il cherche de l’aide auprès de son chef… qui est introuvable. D’ailleurs, il est vendredi midi et tout le monde part à la mosquée !

Donc je suis éjecté et prié de revenir vers 14h (on est arrivé à la douane à 9h30). Je saute dans un taxi pour revenir à la douane et chercher Cécile qui a transformé la voiture en bureau, et règle quelques soucis de travail. Et on repart ensemble et en voiture vers le bureau des douanes (après un bon petit kebab, parce que ça creuse, d’attendre). On poireaute un peu et on finit par retrouver notre gaillard. Celui-ci est rassuré par la présence de Cécile et commence donc à rédiger le PV sur l’ordinateur, avec grand peine et l’aide d’un collègue au bout du téléphone. Enfin, 2 heures après, le document est prêt et signé, mais il faut encore aller le payer à la banque (pas de corruption aux douanes, contrairement aux flics au bords de route, n’essayez pas sortir votre portefeuille). Oui mais avec toutes ces péripéties et l’efficacité de notre gaillard, il est 16h25 et les banques ferment à… 16h30 bien sûr. La première banque a déjà fermé, des employés sont en train de quitter la seconde, il est 16h29. Heureusement ils sont super sympas et heureusement, on peut payer les PV sur des terminaux (à l’intérieur de la banque). Pour cela, il faut avoir un téléphone avec un numéro local (et le connaître) et avoir l’appoint (y compris avec la commission). Avec leur aide (ils nous font le change, cherchent notre numéro de téléphone qu’on a oublié), on réussit à payer et à obtenir un reçu de paiement. On retourne au bureau vers notre interlocuteur qui valide, puis on retourne à la douane de Dostuk où on montre le reçu de paiement, ce qui nous libère – enfin – du Kirghizstan. Il est 19h! Le passage de la frontière nous aura pris 10h…