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Derniers jours avant l’hivernage

Nous nous arrêtons à Bichkek chez Goulira et Essentour, un couple qui tient une agence de tourisme et que j’ai connu l’an dernier lors d’une mission scientifique de carottage des lacs kirg hizes. C’est dans leur jardin que nous allons laisser la voiture pour l’hiver. Pour la protéger, nous allons au bazar faire confectionner une bâche. Nous discutons longuement sur la qualité du tissu et surtout les dimensions. Avant même que l’on ait conclu l’affaire, la marchande de tissu a déjà découpé les coupons. Elle nous propose un joli tissu rayé pour faire les côté, en promo ; c’est un motif assez moche et elle doit se réjouir d’avoir enfin trouvé un moyen de s’en débarrasser. Pour l’usage qu’on doit en faire, nous on s’en fiche complètement. Elle donne les bouts de tissu à sa copine couturière qui se met immédiatement au travail. On se demande quel va être le résultat et si elle assemble bien les bons côtés entre eux. Il est tard, le bazar ferme autour de nous, on décide de revenir le lendemain en espérant qu’elle prenne son temps pour travailler correctement.
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Le lendemain on trouve notre bâche prête, bien empaquetée. On a quand même acheté un mètre pour vérifier les mesures. On déplie la bâche dans le sous-sol du bazar, … comme attendu, les dimensions ne sont pas les bonnes, elle est trop petite. Après quelques parlementations, nous rendons la bâche pour qu’elle l’agrandisse et allons manger des chachliks (brochettes). Nous la récupérons 2h après, pliée en vrac cette fois (ça marronne un peu), et allons directement l’essayer sur la voiture garée dehors. Les gars autour sont inquiets en nous voyant faire et se demandent combien de temps on compte laisser la voiture ici ! Ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’un essayage. Finalement, elle est presque trop grande (hem) !
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Il nous reste 4 jours à tuer avant notre départ pour Delhi. Comme les prévisions météo sur Bichkek sont mauvaises, nous décidons de descendre au sud vers la plaine de la Fergana à la frontière ouzbèque où le temps semble meilleur. La route pour y aller passe par 2 cols à plus de 3000 mètres, enneigés, mais la route est bien dégagée.

Nous nous faisons encore arrêter par les flics qui nous refont le coup de la carte Visa. Ils ont posé un radar mais comme ils ne peuvent pas nous reprocher un excès de vitesse imaginaire, ils essayent de nous aligner parce que nos phares (enfin, notre phare…) n’étaient pas allumés, puis parce que notre plaque d’immatriculation est faite maison. Pour les phares, OK on est en tort mais on a fait comme la moitié des kirghizes qui roulent sans. Pour la plaque, rien ne concerne les voitures françaises dans le code de la route kirghize. Ils nous font comprendre que si on ne veut pas payer avec la Visa, on peut s’arranger autrement (ah-ah). On résiste, ils nous demandent un petit coup à boire, une boisson française de préférence… finalement pour s’en dépèguer, on leur laisse une ½ bouteille de coca. Maigre contribution à la corruption des fonctionnaires.
Le lendemain on va visiter la vallée d’Arslanbob, réputée pour ses forêts de noyers et de pruniers. On visite le marché puis on se promène dans la forêt et on repère un coin de camping sympa sur le plateau au-dessus du village. On revient au village et on grimpe là-haut avec la voiture par une piste très raide, puis une piste défoncée jusqu’à un coin à peu près plat. Cécile fait un beau gâteau avec les prunes récoltées dans la journée. Le temps se gâte un peu, il commence à pleuvioter mais on n’est pas trop inquiet car les prévisions météos sont plutôt bonnes et nous sommes à proximité du village. En fait il pleut toute la nuit et au petit matin, la piste d’accès est devenue impraticable. Le sol en argile est hyper glissant, Laurent se prend une belle gamelle en sortant de la voiture, c’est Holiday on Ice. On arrive à faire quelques centaines de mètres en patinant et en avançant en crabe dans les ornières mais on est très vite bloqués par une petite pente devenue trop glissante et la voiture s’arrête à la moitié, les 4 roues tournant dans le vide.

Bon… ça sent le plan galère… on a l’avion pour l’Inde dans 2 jours, on est bloqués sur ce plateau, même si on arrive à rejoindre la piste de descente, ce n’est pas dit qu’elle soit praticable vu la pente et son état, et il nous reste encore 600 km et 2 cols à plus de 3000 m à passer avant de rejoindre Bichkek.
Il ne reste plus qu’à partir à pied demander de l’aide à la ferme voisine. On est chaleureusement accueillis dans la petite maison (chauffée !) d’une famille ouzbèque. On y passe la matinée puis on va faire un tour, encore sous la pluie, pour voir s’il n’y a pas une autre piste pour rejoindre le village. Un autre gars débarque, il veut absolument nous faire bouger la voiture pour la garer dans son jardin. Comme on est tanqués au milieu de la piste principale, on risque de gêner… Difficile de lui faire comprendre que si quelqu’un arrivait par-là, c’est que la piste serait redevenue praticable et qu’on pourrait nous aussi s’en aller. On ne veut surtout pas aggraver la situation en s’embourbant profondément dans le champ à côté de la piste. Il nous ramène donc chez lui pour… boire le thé, bien sûr !
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Finalement au milieu de l’après-midi la pluie s’arrête enfin. Nous retrouvons notre premier gars qui est venu avec son 4×4 et une pelle jusqu’à notre véhicule. Il creuse pour enlever la pellicule superficielle et dessous l’argile est sèche. On remblaie un peu sous nos roues, il nous tracte et on arrive à grimper les 2 ou 3 mètres qui nous manquaient pour arriver sur le plat. On le suit jusqu’à chez lui, sur 1km, toujours en crabe car tout est trempé et rien ne tient.
Bon, une première étape de franchie. Reste le problème de la redescente (et ensuite le franchissement des cols à 3000m mais ça on verra après). Laurent parlemente au téléphone avec le frère de notre ami qui parle un peu anglais, pour trouver des chaînes. Il n’y en a pas, mais, selon lui, ça doit passer… On hésite… si la voiture glisse dans la descente, on est mal ! Finalement on voit une jeep qui descend. On hésite encore car on est 3 fois plus lourds… Au moins, on va changer les roues et mettre à l’arrière les pneus neufs que nous avons en réserve, ça peut faire la différence. Puis, à 6h du soir, c’est-à-dire dans la pénombre, on décide de tenter la descente. Si on ne le fait pas maintenant, c’est sûr on rate l’avion, car la pluie va peut-être reprendre pour une semaine.
Bon, finalement ça passe, on est surpris – en bien – par l’adhérence de la voiture. OUF !!! Du coup on roule une partie de la nuit pour avancer au maximum. Mais c’est très pénible : on n’a pas de bons phares et les obstacles sur la route sont nombreux : piétons, animaux, vélo, véhicules sans phare, etc… On dort sur un parking de routiers (qui font chauffer leurs moteurs à n’importe quelle heure de la nuit), et le lendemain on passe les cols sans difficulté : la route est bien dégagée, visiblement il a fait moins mauvais dans cette région que là où nous étions.
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Nous sommes dans les clous, encore une bonne journée de route et nous retrouvons la maison de Goulira et Essentour. Nous vidangeons le réservoir d’eau, ajoutons un peu de liquide de refroidissement antigel, on met la bâche et on file à l’aéroport. Une bière pour fêter la fin de la galère et on embarque… avec un petit papy enturbanné qui a gardé sa canne (dire qu’on nous emmerde pour un coupe-ongle…). Hop, quelques heures après on débarque à Delhi : 30°C, chapatis, chicken tikka, etc… une autre aventure commence, mais elle n’entre pas dans le cadre de ce blog. On se retrouve au printemps pour la suite de notre trip en 4X4 au Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et le tome 2 de notre série de guide en Asie Centrale. Ciao !
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