Ispahan - Yazd

  15 juin 2017

L’accueil des Iraniens est extraordinaire. On était prévenus mais on est tous les jours surpris et touchés par la générosité et de la gentillesse des gens.

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Par exemple l’autre soir à Ispahan on s’assoie dans un parc pour piqueniquer ; après qu’on ait mangé nos kébabs, les voisins nous apportent des fruits, des brochettes, du riz, etc. Impossible de refuser, ce soir-là on a pris deux repas à la suite ! Une autre fois, on veut acheter du pain, mais non, on nous le donne. Notre statut de touristes est bien visible, notamment à cause de Cécile qui porte un voile coloré porté de façon peu orthodoxe (en même temps, les Iraniens sont très compréhensifs avec les touristes étrangères qui essaient de se plier au règles locales). Et comme on est en plein Ramadan, les gens s’inquiètent pour nous : ils nous invitent à manger et à boire pour notre confort, alors qu’eux-mêmes jeûnent (enfin, la plupart…). On se demandent d’ailleurs comment ils tiennent le coup sans boire par cette chaleur. C’est extrêmement gentil mais on est un peu gênés quand même.

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Pour les quelques centaines de kilomètres à parourir jusqu’à Ispahan nous empruntons l’autoroute, à péage en principe mais souvent les employés nous laissent passer après quelques questions. Nous faisons un seul détour pour nous laver (au hamam du village) et pour bivouaquer dans un champ.

Ispahan

On est à peine arrivé à Ispahan qu’on rencontre Amir, qui nous invite chez lui et nous trouve un petit garage pour réparer la clim. Heureusement car la chaleur monte de jour en jour. On parcourt la ville dans sa camionnette de livraison de biscuits et de gaz (nougat local à la rose), à fond la caisse, pendant qu’il envoie ses sms, regarde des photos de Marseille dans notre téléphone, papote sans regarder la route… et prend les virages au frein à main car les freins normaux semblent être une peu faiblards…

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Le centre-ville d’Ispahan est magnifique. En particulier la place centrale (place de l’Imam Khomeini) et les ponts au-dessus de la rivière où on trouve de la fraicheur bien appréciable. La ville est très arborée, heureusement car la chaleur commence à être difficile à supporter. Malheureusement depuis la Révolution, tous les cafés qui donnaient sur la place ont été fermés. Et comme c’est Ramadan, pas facile de trouver un boui-boui ouvert pour un tchaï ou une glace en pleine journée. Le soir, l’activité principale est le piquenique au bord de la rivière, dans les parcs et même sur les pelouses des ronds-points. Mais les toits terrasses aménagés où on pourrait profiter de la fraicheur et de la vue sur la ville est un concept qui n’existe pas ici, dommage.

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On fait un petit tour dans les boutiques au bazar. Bon, c’est une autre planète, difficile à comprendre pour nous. Les femmes ont le choix entre des tchadors noirs et des tchadors noirs… il y a aussi des robes sexy à paillettes, sur des mannequins sans tête (ça évite de leur mettre un foulard)

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Et, quand même, quelques dessous sexy : ça doit être chaud les soirées privées !

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Pour les hommes, c’est plus sobre (et les mannequins ont des tête entières).

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Les fins de journées sont les moments où on commence à chercher un endroit pour manger un truc sympa. Les Iraniens n’ont pas la même gestion de la fin du jeune que les Turcs. En Turquie, 1/2 heure avant l’appel du muezzin, les magasins ferment, les gargotes sortent les tables dans les rues, servent les salades et les brochettes entourées de pain plat pour ne pas qu’elles refroidissent. Dès que l’appel retentit, les Turcs se jettent sur la bouffe, les bouteilles d’eau ou allument leur première clope. Le trafic dans les rues s’arrête complètement, la vie se fige dans un silence presque total. 10 mn après, tout est plié, les estomacs sont remplis, les tables débarrassées et les bistrots commencent déjà à fermer les cuisines. Si on rate le coche, on ne trouve plus rien à manger ! Ici en Iran les choses se font plus en douceur. Même l’appel du muezzin est plus doux et plus chantant, moins agressif pour nos oreilles et plus discret. Les familles déballent tranquillement les repas dans les parcs et les soirées durent longtemps, en famille, à la fraîche. A Ispahan il y a surtout des fast food et les gens achètent de la nourriture à emporter pour piqueniquer. On se régale avec les plats spéciaux pour le Ramadan, des purées de pois et d’aubergine, et surtout le pain, délicieux quand il sort du four.

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Yazd

Yazd est une ville splendide, le centre ancien se parcourt à pied, enfin… en principe.

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Toute la vieille ville est construite en briques de terre crue (traditionnellement du moins) recouvertes de torchis. Les toits sont en forme de dômes. Les tours à vents, des systèmes réfrigérants, pointent au-dessus des toits.

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On passe souvent à coté de Nakhl, de curieuses constructions en bois en forme de feuille de dattier qui sont portées par la foule lors des processions de l’Achoura, pour la commémoration du matryre de l’imam Hossein. Selon certains récits, on aurait transporté la dépouille de Hossein sur une litière en bois de dattier vers sa sépulture.

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Mais question ambiance, ce n’est pas la fête. On est en basse saison et en plein Ramadan dans une ville plutôt traditionnelle, les rues et les bazars sont déserts. On sent qu’en pleine saison les touristes doivent être nombreux vu le nombre de magasins de souvenirs et de « historical hotel ». D’un autre coté, on trouve enfin des cafés et restos sur les toits-terrasses, mais surchauffés par le soleil toute la journée, ils irradient encore le soir alors qu’on recherche la fraîcheur. Beaucoup de maisons sont encore décrépies, c’est un peu comme Marrakech avant le boom des riads.

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Il y a sûrement encore de la place pour qui voudrait monter des petites guesthouses sympas dans lesquelles on pourrait siroter une bière en terrasse au coucher du soleil ; enfin, pour la bière c’est cuit, mais on se régale avec des « virgin mojitos », des sirops à la rose et au safran ou des thés glacés.

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Seul bémol dans les villes, les visites des monuments sont très chers, par rapport au niveau de vie, soit 5€ par personne, prix fixe pour les étrangers (et 80 centimes pour les Iraniens). Visiblement c’est une nouvelle règle nationale. On paye aussi cher pour visiter Persépolis qu’un petit mausolée en restauration. On négocie, parfois ça marche, et on se fait aussi avoir quand dans les « traditional house » il n’y a presque rien à voir.

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Après une nuit entre Ispahan et Yazd passée dans un caravansérail du 14ème siècle en ruine dans le calme absolu, on se fait un hôtel sympa dans un caravansérail rénové. Finalement, on apprécie autant les deux.

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Nous découvrons des constructions inhabituelles : d’anciennes glacières par exemple, malheureusement elles ne sont plus en fonction, par 40°C on aurait bien aimé ! Bien sûr, à cause du Ramadan les vendeurs de glace installés à coté sont fermés ! Les glacières sont des constructions en brique et torchis en forme de cônes dans lesquelles on stockait la glace jusque pendant l’été. On récoltait la glace en hiver en la faisant geler dans des bassins peu profonds, construits au nord de grands murs installés devant la glacière.

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On visite également des tours dans lesquelles on élevait les pigeons pour récupérer le guano et fertiliser les champs. L’intérieur est impressionnant.

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Enfin, on s’arrête pour voir un des plus vieux arbres d’Iran, un cyprès gigantesque d’au moins 4000 ans, dommage que je n’ai pas apporté de tarière pour le sonder…

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Aller, maintenant cap sur Persépolis…