Bichapur – Firuzabad – Rayen

  24 juin 2017

Après une semaine de repos au bord de notre piscine, nous quittons enfin Shiraz pour visiter les alentours. Nos amis Aria et Mina nous accompagnent à Bishapur. C’est leur première virée en camping.

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Ils ont acheté une tente bon marché, nous leur prêtons les sacs de couchage et les matelas. Malheureusement leur tente est bien trop petite pour qu’ils puissent s’allonger dedans, c’est une tente faite pour le piquenique, l’activité favorite des Iraniens le week-end. En plus un vent brulant souffle violemment ; lorsqu’il s’arrête enfin, les moustiques attaquent. Bref, ils passent une nuit blanche, pas sûr qu’ils renouvellent tout de suite l’expérience du camping.

Bishapur

Bishapur est une ancienne cité de l’époque sassanide (entre les 3e et le 7e siècles de notre ère). Elle est située au débouché d’une vallée étroite autrefois gardée par une citadelle dont il ne reste que des ruines. A la sortie de la gorge se trouvent une série de bas-reliefs assez impressionnante. Certains ont été abîmés il y a un ou deux siècles par la construction d’un canal qu’il fallait faire passer par là, aujourd’hui détruit.

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A l’époque on se souciait plus de l’irrigation des cultures que d’archéologie. De l’ancienne ville il ne reste que des morceaux de murs, deux colonnes, et les vestiges d’un temple dédié à la déesse de l’eau. Ce dernier, fait de gros blocs parfaitement ajustés entre eux, est le plus intéressant ; c’est aussi le mieux conservé, probablement parce qu’il est creusé dans le sol. La ville elle-même a été construite par des soldats romains capturés lors d’une bataille, selon des plans romains. Mais les mosaïques et les décors de stucs n’ont pas été conservés in situ (ils sont au musée de Téhéran et… au Louvre !), donc les ruines sont un peu décevantes.

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Le lendemain nos amis rentrent à Shiraz faire la sieste et nous continuons vers Firuzabad. La chaleur est écrasante, nous piqueniquons dans une petite oasis au bord de la route et le thermomètre monte à 43°C à l’ombre sous les palmiers.

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Firuzabad

Firuzabad se trouve dans une grande plaine, plus haut en altitude. La température tombe sous les 40°C et devient supportable. La plaine est irriguée par de nombreuses sources et on a la surprise d’y découvrir des rizières, insolites dans ce pays aussi aride.

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Au centre de la plaine se trouvent les vestiges d’un temple de feu. Il n’en reste que quelques murs et une espèce de grande tour. On devine des tas de cailloux qui sont en fait les ruines de l’ancienne ville de Gur. Celle-ci a été construite selon un plan circulaire, la tour marquant le centre du territoire de la cité, découpé en tranches de gâteau.

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On discute l’idée de vouloir faire des images vues du ciel avec le drone, pour apprécier le plan circulaire. On sait bien que ce n’est pas trop permis en Iran et j’avais un mauvais présentiment de le faire voler sur un site public, mais bon, on se croit seuls au milieu des champs de pastèques et des troupeaux de chèvres… mais effectivement, le site archéologique est surveillé. A peine 5 minutes et un gars en civil (un garde ?) débarque et appelle la police. Dans ces cas-là il vaut mieux jouer à l’innocent et surtout ne pas s’enfuir. On ramène le drone, on attend les flics et on les suit jusqu’au poste en se demandant s’ils ne vont pas nous confisquer notre jouet, voire nous faire plus d’ennuis. Les flics sont sympas à l’image de tous les Iraniens. Ils regardent les images dans la carte mémoire (qui sont celles de Mongolie) et comprennent bien la différence entre touristes et terroristes. Ils nous font signer un papier où on s’engage à ne plus utiliser le drone en Iran et s’excusent de nous avoir dérangés. On s’excuse platement nous aussi et on repart, soulagés. Pour se changer les idées, on va prendre un bain dans un lac de barrage un peu plus loin, habillée comme il se doit pour Cécile, il ne manquerait plus qu’on se fasse encore arrêter par la police (brigade des mœurs cette fois).

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On repasse par Shiraz pour dire au revoir à nos copains, prendre un dernier bain dans la piscine et faire changer les pneus - on en avait emmené une paire neuve de France. On en profite pour visiter la mosquée de Nasir-ol-Molk, une construction du 19e siècle très originale : des vitraux apportent des couleurs inattendues et les décors représentent des fleurs et des églises. Un immam venu passer ses vacances ici pour renseigner les touristes nous explique que le but était de montrer une image tolérante de l’Islam, bien plus proche des pratiques et des convictions de la majorité des croyants que de celles des extrémistes.

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On part ensuite vers le désert, un peu inquiets des températures qui nous attendent. Dans un petit bled où on s’arrête pour acheter du coca, on se fait repérer par un flic qui s’ennuie et qui nous emmène au poste. Ils regardent notre passeport et se trouvent tout cons quand ils réalisent qu’on ne parle pas farsi. Ils avaient juste envie de causer, mais du coup l’opération perd de son intérêt, donc ils nous laissent repartir. Sur la route, on fait un petit crochet par le stone garden, un jardin créé par Darvish Khan, un jardinier sourd et muet, mort en 2007, qui a suspendu de pierres à des arbres morts. Étonnant et assez esthétique.

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On va bivouaquer dans la montagne où il fait relativement frais. Une courte randonnée nous emmène jusqu’à un beau cratère dans lequel se trouve un lac salé asséché. On a pris une bouteille d’eau congelée et une petite gourde de liquide jaune qui va bien avec pour un bel apéro sur le bord du volcan, magnifique !

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On avait repéré des petites pistes à travers la montagne, entre 2500 m et 3300 m, il fait enfin une température supportable. Les abricots ne sont pas encore mûrs, par contre les cerises oui.

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Rayen

On s’arrête un peu au-dessus de Rayen près d’une chute d’eau, une attraction très prisée. On est vendredi, c’est le week-end et le lieu est donc bondé. Les Iraniens fuient la chaleur et viennent ici piqueniquer au frais (à 2800 m). Des dizaines de tentes sont installées le long de la rivière, ça sent bon les grillades. On se dit qu’on va bien trouver un petit bistrot avec des kebabs mais en fait tout le monde apporte sa propre bouffe. Certains ont même transporté des grosses bouteilles de gaz de 13kg, des marmites pleines de riz, les thermos, les tapis, les coussins, les chichas, bref, de vrais déménagements ! Ici pas de Ramadan, tout le monde boit, mange et fume. Finalement on tombe sur une gargote mais on est les seuls clients. Comme on est les seuls touristes étrangers, on est vite repérés et on se fait inviter avec insistance par un Iranien grassouillet et un peu collant. Les Iraniens veulent absolument nous offrir des cadeaux. On refuse poliment mais on repart quand même avec un porte-clé et du parfum (« eau-de-cologne » en farsi, eh oui, notre vocabulaire s’enrichit de jour en jour), après avoir refusé une seconde tournée de brochettes et une invitation à venir dormir chez eux.

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On décide de ne pas faire un aller-retour de 300 km jusqu’à Bam pour visiter la citadelle qui a pourtant été entièrement reconstruite, après le tremblement de terre qui a presque tout détruit et causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes en 2003. A la place on visite la citadelle de Rayen, qui ressemble à celle de Bam en plus petite, et qui jouit d’un climat beaucoup plus agréable. Tout est construit en terre crue, c’est assez impressionnant.

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La météo annonce une vague de froid, on va passer de 42 à 35°C ici à Kerman, on va tenter d’aller se faire griller dans le désert…