Qanats, moulins à vent et minarets

  9 juillet 2017

Après notre séjour écourté dans le désert de Lut, nous remontons vers le nord en direction des montagnes et de la fraicheur. La route à travers le désert est monotone, plate à perte de vue. À l‘approche des montagnes, on s’arrête pour visiter des qanats biens conservés, des systèmes d’irrigation inventés par les Perses il y a plus de 3000 ans.

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Un bon dessin valant mieux qu’un discours, voici le principe de fonctionnement piqué sur Wikipédia :

normal ou en anglais.

L’eau des nappes phréatiques de la montagne est capturée et drainée vers les plaines par un canal souterrain, permettant ainsi l’agriculture irriguée même au milieu du désert. Le canal souterrain est accessible par des puits qui dessinent une série de cratères régulièrement alignés, remarquables vus du ciel. Nous ne tentons pas de les photographier avec le drone, trop de vent et pas envie de se frotter encore avec la police. Les rebords des cratères, formés par les déblais de creusement de la galerie, protègent les puits contre l’érosion des pluies torrentielles. Le terme qanat dériverait du mot accadien qana qui signifie roseau (canne), et aurait donné le mot canal.

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Après avoir été inventé en Perse, ce système d’irrigation s’est étendu à tout le Moyen Orient, au Maghreb, à la péninsule arabique et au sud de l’Europe. C’est un système très écolo car les prélèvements d’eau s’arrêtent d’eux-mêmes quand le niveau de la nappe diminue. La surexploitation des ressources en eau n’est pas possible comme avec les pompages de maintenant. De plus, le fait que l’eau reste sous terre limite l’évaporation et le développement de bactéries. Ce système de maîtrise de l’eau par les qanats a eu vraisemblablement un rôle capital dans le développement et du rayonnement de la civilisation Perse. Et jusqu’au début du 20ème siècle, les qanats étaient encore les seules sources d’alimentation en eau les principales villes de Perse (Téhéran, Yazd, Shiraz, etc). Dans ces villes, on peut encore voir les escaliers descendant au citernes souterraines.

Durant hiver, l’eau continuait de s’écouler dans les canaux mais on ne l’utilisait plus pour l’agriculture. On la faisait alors se déverser dans de petits bassins de faible profondeur, en arrière de grands murs. L’eau gelait et on récupérait la glace pour la stocker dans des “glacières” (ice houses), des constructions de terre crue de forme conique, jusqu’à l’été suivant.

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Malheureusement de nombreux qanats qui demandaient beaucoup d’entretien et une gestion collective de la ressource en eau organisée par les chefs des villages, sont aujourd’hui abandonnés. C’est le cas en particulier dans la région de Kerman où nous aurions bien aimé descendre nous mettre au frais dans les galeries souterraines mais où tous les anciens puits étaient bouchés.

A proximité de Kerman et de Mahan, nous étions passés à coté de magnifiques jardins irrigués par des qanats. A Gonabad nous pensions pouvoir les visiter mais malheureusement pour nous l’accès aux souterrains n’est pas possible, l’accès aux puis étant cadenassé. L’eau débouche au niveau du village et alimente des bassins dans lesquels enfants et adultes (hommes) s’en donnent à cœur joie.

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On nous accompagne jusqu’à un plus grand bassin qui sert de piscine, pour les hommes aussi uniquement. Cécile râle… mais elle a le droit de se baigner (habillée) à l’abri des regards, c’est-à-dire dans le canal. Pourquoi râler alors qu’elle peut presque faire de la nage à contre-courant ! c’est pas l’égalité hommes-femmes ça ?

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Nous faisons un détour vers Nashtifan pour voir une série de moulins à vent assez exceptionnels, car montés sur un axe vertical, à la manière de roues à aubes.

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Bon c’est un peu loin quand même, surtout que les moulins sont arrêtés, malgré le vent violent qui souffle dans cette région. C’est certainement qu’il n’y a rien à moudre… Le seul moulin qui tourne est un fac-similé sur un rond-point ! Certains moulins ont été restaurés, d’autres sont abandonnés. Le site est très peu visité car éloigné des circuits touristiques. On réveille un vieux gardien qui a installé son lit dans l’un d’entre eux. Il veut absolument faire une série de photos avec chacun d’entre nous. La plupart des habitants sont habillés ici en “pyjamas” (shalwar kamiz), à la manière des Afghans, il faut dire que l’on est ici très près de la frontière.

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En chemin nous visitons aussi une ancienne tour qui, comme les phares sur le littoral, servait de repèrent aux voyageurs et aux caravanes qui traversaient le pays sur la Route de la Soie.

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Non, ce n’est pas la photo qui est mal prise, c’est bien la tour qui est penchée!