Golestan et Caspienne

  14 juillet 2017

Nous poursuivons notre périple dans le Golestan, la région tout au nord de l’Iran à la frontière avec le Turkménistan.

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Près de Bojnour, nous visitons un « château » en ruines en cours de fouilles et de rénovation par les archéologues. Comme ailleurs, il s’agit d’une enceinte fortifiée avec les ruines de l’ancienne ville à l’intérieur. Les murailles ont été partiellement rénovées et des « fenêtres » permettent de voir l’état initial. Le reste, en terre crue, a l’air d’avoir fondu. Un archéologue vient vers nous ; il ne parle pas anglais mais comme il voit qu’on s’intéresse à leur travail, ils appelle un collègue à lui au téléphone pour nous renseigner. Malheureusement il ne parle pas beaucoup plus anglais et le téléphone arabe (pardon, perse) fait que nous n’en savons pas tellement plus. Mais c’est le geste qui nous touche.

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Les vallées sont irriguées et les vergers abondent. Sur le bord des routes, des marchands vendent de drôles de bandes colorées. Ce sont en fait des pâtes de fruits dans des films plastiques.

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Petit à petit les paysages deviennent de plus en plus boisés, à notre grande joie car cela fait un mois que nous baladons dans des environnements arides. Après un passage dans des régions qui nous font penser à ceux du Larzac, on les petites pistes nous amènent soudainement dans de belles forêts de chênes dans laquelle paissent des vaches… bref, rien à envier à la Suisse !

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Mais sur le versant nord des montagnes, près de la frontière Turkmène, on redescend en altitude et on tombe sur des pistes ultra-poussiéreuses. On entre ici dans le domaine des loess, ces dépôts de fines poussières arrachés aux anciens glaciers du Caucase pendant les 2 derniers millions d’années et venues se coller contre les reliefs. Concrètement, sur la piste cela se transforme en fech-fech comme on dit dans le Sahara. La voiture est remplie de poussière, surtout depuis que la porte arrière ferme mal (à la suite d’une rencontre inopinée avec un arbre l’an dernier). Pas très confortable, surtout que les températures en plaine flirtent avec les 40°C.

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La raison de notre détour dans cette région inhospitalière est de visiter un site insolite : au sommet d’une colline se dresse une véritable forêt de quéquettes !

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Ce sont plusieurs centaines de sculptures de type phallique, peut-être d’anciennes pierres tombales, à l’évidence d’individus masculins. Certaines pierres sont de forme arrondie représentant peut-être des poitrines féminies.

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Ce site embarrasse visiblement le gouvernement qui ne s’y est pas intéressé. Les sculptures n’ont jamais été étudiées ni datées par les archéologues et beaucoup ont récemment disparu. Vraisemblablement il s’agit de vestiges pré-islamiques ou liés à des tribus nomades païennes. Juste à côté se trouve le mausolée d’un immam… une coïncidence ?

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Assez de poussière, nous repartons à l’ouest en direction de la Caspienne. On voit au bord des routes des centaines de ruches, chaque fois avec une tente pour le gardien. Évidemment on s’arrête pour goûter et on tombe sur deux gars qui, évidemment, nous offrent le thé, mais en plus qui insiste pour qu’on reparte avec un fond de pot de miel, cadeau ! Cela compte, car ici le miel n’est pas beaucoup meilleur marché que chez nous.

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Un peu plus loin nous faisons un arrêt à une source volcanique assez connue. Cela ressemble un peu à Pamukkale en Turquie, en plus petit. Ici il y a un petit bassin qui permet de s’y baigner. Nous tombons sur deux étudiants géologues Iraniens qui font des prélévements pour leur thèse. Cécile se présente comme géomorphologue et comme ils parlent anglais on fraternise. En plus, la fille vit le reste de l’année à… Fribourg, en Suisse ! Le mec lui a étudié en Belgique. Le monde est petit.

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Nous baladons dans les montagnes de la chaine de l’Elbrouz qui domine la Caspienne. Ici le climat est sub-tropical, les montagnes formant une barrière forcent l’humidité apportée par la mer à se décharger sous forme de pluie. Du coup une végétation incroyable se développe sous ce climat hyper humide, en particulier de très belles forêts de chênes et de hêtres. On campe dans le brouillard sur le bord d’une piste boueuse en espérant qu’il ne pleuve pas trop pendant la nuit et qu’on puisse sortir de là.

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Ces montagnes humides sont un idôlatrées par les Iraniens qui étouffent sous la chaleur des grandes villes en plein été. Partout dans le reste du pays les Iraniens nous ont parlé du Golestan comme d’un endroit paradisiaque. Un peu comme si des Marseillais revaient d’aller en vacance à Dunkerque… Nous croisons des groupes de randonneurs venus passer le week-end. Séances de selfies, bien sûr, mais cette fois une femme sort un polaroid et nous l’offre en souvenir de notre rencontre. Très sympa le polaroid, la manière dont la photo apparaît progressivement.. sauf que la qualité est catastrophique, mais c’est un autre problème.

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Le temps reste couvert et on décide donc de visiter le bord de mer. On savait à l’avance qu’il ne fallait pas compter sur des plages de sable blanc ni sur des petits ports sympathiques. Effectivement l’aménagement du bord de mer n’est pas terrible ! Mais c’est le week-end et les Iraniens viennent se baigner en famille, et ce malgré les panneaux d’interdiction. Il y a quand même des maîtres-nageurs qui surveillent et ramènent les baigneurs à grand coup de sifflet. A un moment donné une ambulance se la joue Alerte à Malibu, longe la plage et fait sortir tout le monde de l’eau. Cela n’a l’air de gêner personne et quelques instants plus tard la baignade reprend.

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Ici on se baigne tout habillés, les femmes bien entendu mais les hommes aussi en grande majorité. Seuls les enfants on droit au slip. C’est quand même pas facile de jouer dans les vagues avec un foulard mouillé autour du cou et Cécile a bien failli se néguer !

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Les panneaux l’avaient bien dit, il fallait mettre le hijab, les tee-shirts mouillés ne sont pas réglementaires !

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Comme ailleurs, les gens viennent ici piqueniquer et camper. Il est presque difficile de trouver un boui-boui pour manger un bout, cela ne se fait pas, tout le monde apporte sa bouffe et sa tente. Bon, c’est marrant une demi-journée mais ce n’est pas là qu’on se trouve le mieux. On décide de repartir dans les montagnes pour nos derniers jours en Iran. Depuis la Caspienne on choisit un petit col trés peu fréquenté. On termine nos dernières cartouches de jus de raisin de contrebande dans un beau bivouac au-dessus d’une rivière.

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Le col nous améne au bout de la Vallée des Assassins, où se trouve la fameuse forteresse d’Alamut, un nid d’aigle au sommet d’une montagne détruit par les Mongols au 13eme siècle et par des tremblements de terre récents. Cette secte de dissidents religieux ismaéliens tiendrait peut-être son nom du mot hashischins qui signifie consommateur de haschich ; mais il est plus probable que le terme d’assassin vienne du mot arabe/persan assâssi (signifiant « fondamental », les assassins seraient les gardiens de la foi). La légende dit que le chef de la secte – « le vieux de la Montagne » - possédait des jardins extraordinaires dans lesquels il invitait quelques fidèles sélectionnés sur le volet. Après un bon lavage de cerveau à base de cannabis ou d’autres drogues, de longues prières et d’agréables moments passés avec des jeunes filles censées leur donner un avant-gout du paradis, les disciples repartaient tout ragaillardis, prêts à sacrifier leur vie pour la secte. Celle-ci régnait par la terreur, perpétrant des assassinats spectaculaires commis par ses adeptes infiltrés dans la population et dans l’entourage des hommes politiques. Une vieille recette qui marche encore bien malheureusement ! C’est Houlagou, le petit-fils de Gengis Khan, qui voulant se venger de plusieurs attaques des Assassins, a entrepris le siège et capturé la forteresse en 1255. Il aurait capturé et écorché vif le Grand Maître, massacré les disciples, détruit le château et sa bibliothèque.

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Le site est très spectaculaire, effectivement, cela parraît tout-à-fait imprenable. Malheureusement il ne reste presque plus rien des constructions d’origine.

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Hormis ces ruines, la vallée est magnifique. La spécialité du coin, c’est la cerise. Justement, c’est la saison et les locaux on du boulot pour récolter les milliers de cerisiers qui sont pleins à craquer. On bivouaque un peu plus loin dans le jardin d’un physicien atomiste retraité qui vit là dans une immense maison ronde, avec un élevage d’autruches. Il sait un peu l’anglais, mais on évite de parler politique…

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Encore un bivouac magnifique sur la route de Tabriz.

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Tabriz sera notre dernière étape en Iran. Son célèbre bazaar..

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.. et sa mosquée bleue.

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Sur la route de l’Arménie, pour nous préparer psychologiquement à la suite, nous faisons un petit détour par le monastère de St Stepanos.

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Bientôt la libération pour Cécile qui pourra enfin s’habiller normalement !

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