Mausolées et cerisiers

  13 juillet 2017

Nous continuons notre remontée vers le nord en nous rapprochant de la frontière afghane. Pas de mesure de sécurité particulière lorsque nous arrivons à Tayyebat, sur la route Mashhad - Herat. Des milliers de hippies sont passés par là dans les années 70, pendant une courte période avant l’invasion russe où l’Afghanistan était une destination très prisée et agréable. Actuellement, pour atteindre l’Inde et le Népal il faut faire un grand détour par le sud de l’Iran pour contourner l’Afghanistan et remonter le Pakistan par des régions pas très stables.

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À Taybad se trouve un très beau mausolée, très paisible, où les locaux viennent faire la sieste près de la tombe de Zain O-in Abobakr.

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Nous essayons de briser la monotonie de la route par des arrêts vers des points d’intérêt, par exemple un caravanserail, plutôt bien conservé (il y en a sûrement des centaines en Iran).

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Un peu plus loin en direction de Mashhad, à Torbat-e Jam, on fait un nouvel arrêt mausolée. Celui-ci est beaucoup plus important que les précédents que l’on a visités, c’est tout un complexe de bâtiments autour d’un parc, dont la mosquée qui est remarquable. Ici on retire ses chaussures à l’extérieur de l’enceinte, car on peut traverser toute la cour en marchant sur des tapis.

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Beaucoup de gens viennent ici pour se recueillir sur la tombe de Sheikh Ahmad Jami, mais il y a aussi des Iraniens qui font des selfies.

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Comme il est midi passé, on s’arrête dans une boutique pour demander où trouver un kebabi. Le propriétaire ferme alors sa boutique pour nous emmener avec un ami jusqu’au restaurant ! il nous accompagne autour d’un chello kebab habituel, puis nous invite à passer chez lui car il désire nous montrer sa guitare. Enfin, sa dothare, un instrument local à deux cordes (qu’il n’a pas enore appris à accorder, malheureusement).

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En route on s’accorde un petit détour pour visiter un minaret près d’une tombe (encore une). L’endroit n’est pas extraordinaire, mais le fait que le gardien nous laisse monter sur le minaret est plutôt sympa.

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Il fait toujours aussi chaud, 40 degrés. Quand on roule, avec la clim, ça va. Mais quand on s’arrêt on souffre. Surtout dans les villes, où l’effet du béton rend l’atmosphère encore plus étouffante. Et Mashhad vers laquelle on de dirige est une grande ville de 2,5 millions d’habitants. On est pas très tentés d’y pénétrer, surtout que son intérêt tient au mausolée de l’Imam Hussein, un des douzes imams vénérés par les shiites et le seul dont les restes se trouvent en Iran. Mais l’enceinte est interdite au non-musulmans, alors à quoi bon ? On décide donc d’aller chercher le frais en altitude ; justement, Mashhad est situé au pied des montagnes. On repère sur la carte un petit lac de barrage.

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C’est un coin de picnic très prisé, mais quand on arrive en fin d’après-midi les derniers locaux s’apprêtent à rentrer chez eux. Par contre, l’endroit est très sale, car les Iraniens on la fâcheuse habitude de laisser leur poubelles sur place lorsqu’ils vont piciniquer.

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Le lendemain on fait le tour du lac pour accéder à un célèbre point de balade pour les Mashadiens. Il s’agit d’un parc qui donne accès à une série de petits bassins le long d’un ruisseau. Les Iraniens sont fous de picnics, alors très souvent les parcs sont aménagés avec des abris ombragés pour s’installer avec ses tapis et des tonnes de nourriture (et le narguilé bien sûr). Ici ils ont construit des douzaines de petites tonnelles en béton.

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Laurent propose une petite balade, une boucle le long des sources et en passant par un barrage, mais sans avoir bien regardé la carte. Du coup, la petite balade 3/4 h de transforme en trek de 5 heures sous le cagnard… avec une seule bouteille d’eau et rien à manger. Cécile goûte peu la plaisanterie, entraînée malgré elle dans une course certes assez jolie, mais qu’elle aurait aimé mieux préparée ! bref, un mauvais plan mais qui nous a au moins dégourdi les jambes !

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Autre problème de planning, on a un peu oublié de faire le plein lorsqu’on était sur la grande route. Il faut savoir qu’en ville la plupart des stations n’ont que de l’essence, car seuls les camions roulent au diesel. On tourne donc un peu en rond dans les faubourgs de Mashhad sur la réserve, on demande notre chemin qu’on nous explique en farsi… Comme toujours les Iraniens sont très attentionnées et après nous avoir renseignés sur le chemin à suivre ils nous donnent des bouiteilles d’eau glacés. Enfin, lorsqu’on a le plein, on peut de diriger vers notre prochain objectif, un petit village typique dans la montagne pas très loin de la ville. Le long de la route d’accès on compte des dizaines de restaurants le long de la rivière, les locaux viennent ici en masse le week-end pour prendre le frais en mangeant un kebab. On est jeudi donc il n’y a encore pas trop de monde. En arrivant au village, on est un peu déçus, on lui trouve rien de particulier. Faut dire qu’en terme d’architecture, on est loin des merveilles de Persepolis! Les habitations sont en briques crues mais rien de très esthétique. On continue sur des toutes petites routes pour trouver un coin de bivouac plat et tranquille. Le hasard des pistes nous mène dans un petit vallon très encaissé où on trouve un espace plat juste à coté de la route, mais comme celle-ci est très peu fréquentée, on se dit qu’on doit pouvoir passer une nuit tranquille. Et surtout, le facteur décisif a été de découvrir que les arbres qui bordent la route sont des cerisiers qui croûlent sous les fruits juste mûrs… c’est décidé, on reste ici !

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La question qui nous taraude est : est-ce que ce sont des arbres sauvages ou est-ce qu’ils appartiennent à quelqu’un ? par l’ombre d’une clôture… en même temps, il y en a littéralement des tonnes de cerises sur des centaines d’arbres, donc ce n’est pas notre consommation personnelle qui va changer grand chose. On se fait donc péter la panse avec les cerises ! Le soir on enfile une petite polaire avec grand plaisir, c’est la preéière soirée un peu fraiche depuis plus d’un mois !

Le lendemain, on voir défiler quelques voitures et plusieurs groupes de randonneurs (iraniens), ce qui est plutôt rare dans ce pays. Deux gars à pied viennent discuter avec nous, l’un d’eux parle un peu anglais. Du coup, il s’installent pour le petit déj. On leur offre notre réchaud à gaz pour réchauffer leur riz, et il partagent un melon avec nous.

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Après la séance obligatoire de selfies et l’échange d’adresses Telegram/WhatsApp, ils repartent à pied le long de la vallée. On se demande bien où peuvent aller tous ces gens donc on reprend la piste pour découvrir où elle mène. Celle-ci devient de plus en plus étroite, on a à peine la place de passer, d’autant plus qu’il faut éviter des branches basses de cerisiers ou de noyer qui viennent frotter la tente de toit.

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Les croisements sont très compliqués, et on se demande si on a bien fait de se fourrer là. Et surtout si on arrivera à faire demi-tour avant de se retrouver coincés ! Finalement, après une bonne demi-heure au pas, on arrive à un petit village d’une douzaine de maisons collées à la route. On nous fait comprendre que la route s’arrête là, et surtout qu’il faut venir boire le thé ! OK, mais on ne peut pas laisser la voiture au milieu de la route ? il faut donc bouger deux voitures garées pour faire une petite place pour la nôtre.

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On cède sous la pression des Iraniens toujours hyper-accueillants, d’autant plus facilement que l’une des filles parle un peu anglais. Elle nous explique que toutes les maisons alentours appartirennent à des oncles et cousins proches. Ils habitent Mashhad mais viennent passer le vendredi dans leur petit coin de paradis sous les cerisiers. Un peu plus loin se trouve une chute d’eau très connue (la raison du passage de ces groupes de randonneurs), comme on ne connait pas toute la famille de met en branle et nous accompagne vers la chute pour faire quelques photos.

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On a pas mal de peine à les quitter et refuser la nourriture qu’ils nous proposent. On revient sur nos pas et on part explorer d’autres pistes de montagne. On en suit une qui semble prometteuse mais on se retrouve dans un cul-de-sac, la piste coupée par une barrière.

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On rebrousse chemin jusqu’à la première intersection, on passe un petit col et on redescend sur un autre village très populaire le week-end… tellement populaire qu’on redescend au pas pendant une heure le long de dizaines - de centaines de restaurants, dans un bouchon monstrueux jusqu’à l’autoroute de contournement de Mashhad. Ouf !

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Reste plus que quelques kilomètres et on trouve un bivouac acceptable dans un lit de rivière asséché près d’une très jolie tour en briques, vraisemblablement encore un ancien “phare” sur la route de la Soie.

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