Résumés des incidents mécaniques

  22 juillet 2016

Décidément, les voyages se suivent et ne se ressemblent pas. L’expé de l’année dernière en Mongolie s’est déroulée quasiment sans souci mécanique, alors que cette année on aligne les pannes. Tout a commencé à Bishkek lorsqu’on a repris la voiture. On avait donné instruction à notre “gardien” de recharger les batteries de temps en temps. On ne sait pas trop ce qu’il a fait ou pas (je soupçonne : rien), mais on a trouvé la batterie un peu faiblarde après l’hiver : 12v à peine, mais finalement peu importe car elle a démarré au quart de tour. Par contre, la tache d’huile sous l’essieu arrière n’était pas des plus encourageante.

On avait bien sûr comme objectif une bonne révision avant de repartir, donc départ pour le garage assez “pro” que l’on connaisait de l’année passée, où travaille un gars qui parle anglais, ce qui est assez rare dans ce pays. Mission : vidange, changement du joint du pont arrière (et vidange du pont par la même occasion), changements du préfiltre à diesel (ammené de la maison), échange des roues arrières (pneus usés au 3/4) par celles de secours et, enfin, remplacement de la plaque d’immatriculation perdue en Mongolie. Il a fallu un peu freiner les ardeurs des mécanos car l’addition commençait à s’envoler. Au lieu d’huile de synthèse allemande “very good, je mets la même dans la mienne” à 10€ le litre, je choisis de la Total qui fera bien l’affaire dans ce bon vieux moulin pas pénible. Au final c’est un peu cher, peut-être le tiers du prix que l’on paierait en France, mais le travail est propre. On laisse de coté la petite fuite sur le circuit du chauffage qui nous embête un peu, mais pour cela il faudrait démonter tout le tableau de bord, un gros boulot, et la fuite à l’échappement, qui va devenir de plus en plus gênante.

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Nos visas en poche, on décolle pour le premier col (voir article précédent), on paie nos 5$ de péage (moins de 1$ pour les locaux), on commence à monter et presque d’un coup, on se regarde : alors que le moteur ronronnait sur ce même col l’automne passé, cette fois ça crachotte et ça fume épais.

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Au lieu d’essayer de monter quand même au pas jusqu’au col pour s’occuper du problème plus tard, on décide de revenir à Bishkek pour réparer. Retour chez les copains ruskofs, qui savent pas trop d’où vient le problème. On change le filtre à gasoil, à tout hasard, et ils proposent un réglage des injecteurs. Je suis pas pour, c’est un sujet un peu délicat et en principe ça se dérègle pas comme ça. Un coup de fil à Dream Team et Sébastien ne comprend pas le problème : pour lui tout est normal et il ne faut pas toucher à l’injection.

Faute d’une meilleure solution, on repart vers le col pour re-tester. Et là (évidemment), même problème, même altitude. On décide continuer quand même, au pas ça passe un premier col à 3100m, puis un second à 3200m. On redescend dans la vallée de la Fergana et le problème disparait. Notre prochaine idée est de demander conseil à Patrick (muztoo.ch), un Suisse qui vit à Osh et qui organise des tours à moto dans la région. Il a le même véhicule, et vu les cols qu’il se frappe il a peut-être connu le même souci. On arrive à son atelier où des gars bricolent des motos. Effectivement, il a vu ce genre de problème, il nous confie à son mécano qui va nous amener dans le quartier des garagistes.

Première étape, réparer l’échappement. Finalement, ce n’est pas juste une petite fuite, mais tout le haut du silencieux (côté chassis) est pourri et impossible à ressouder.

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En France, on nous aurait fait acheter un nouveau silencieux, mais ici on ne jette pas ce qui n’est pas totalement hors d’usage. On part un peu plus loin chez LE spécialiste de l’échappement. Ils sont d’ailleurs déjà à la tâche sur une Mercedes. La solution : ouvrir le silencieux pour nettoyer l’intérieur, puis découper une plaque d’acier de la bonne dimension afin de refaire un enveloppe étanche autour de la précédente. Le soudeur passe une bonne heure à souder au chalumeau la plaque sur l’ancienne. Et le résultat est nickel, je ne sais pas combien de temps cela tiendra, mais en tous cas pour cette expé on est tranquilles de ce côté-là.

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Pour ce qui est de notre problème d’altitude, le mécano sous conseille un réajustage des injecteurs. Il appelle un spécialiste qui vient nous voir, s’extrayant d’une grosse réunion de famille (pas de bol, c’est l’Eid !). Il nous fera le job le lendemain pour 150$. C’est un peu chérot, surtout pour l’endroit, mais en même temps on a pas trop le choix. Et on se console en se disant qu’on en aurait probablement pour plus de 1000€ en France… en tous cas si ça résout notre problème, on ne regrettera rien. On va donc garer la bête chez le diseliste, qui promet de travailler ce soir et demain tôt.. mouais, bon, au moins il a l’air d’être un bon musulman et de ne pas picoler et donc il devrait être en forme demain.

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Nous prenons une chambre à la “Osh Gesthouse”, le repaire des routards qui cherchent une voiture à partager pour visiter le Pamir. Il n’y a aucun transport public et il faut compter au minimum 500$ pour un bref circuit en 4x4, donc forcément les petites annonces sont affichées partout. On rencontre aussi des Français qui parcourent le Kyrgyzstan en stop (et le stop est payant ici, et apparamment ils se sont fait rouler) et un autre qui voyage à pied non pas sac au dos mais… en poussant un diable ! allez comprendre.

Le lendamain après-midi, notre nouvel et temporaire ami nous appelle : la voiture est prête, il vient nous prendre pour aller la récupérer. On la retrouve garée devant le dieseliste, impeccable. Dommage qu’ils ne puissent pas nous expliquer mieux ce qu’ils ont bidouillé sur les injecteurs, à cause de nos talents limités en russe. On fait tourner le moteur, ça marche bien, donc au moins il n’a rien cassé ! Mais “the proof is in the pudding” comme disent les Anglais, donc on embarque nos affaires, on fait le plein et on se dirige vers le plus proche col, en direction de Kazarman. On part assez tard et il faut revenir vers Jalalabad, avant d’attaquer les montagnes à l’est. Il est tard, alors on décide de s’arrêter sur un petit pâturage plutôt plat, pas loin de la tente des propriétaires/bergers qui nous donnent autorisation d’y passer la nuit (et nous invitent pour le thé, bien entendu). La femme sépare la crème du lait, mais fait aussi chauffer ce dernier pour produire de petits fromages âcres et acides en forme de boules qui sèchent au soleil sur une paillasse.

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Peu auparavant, alors qu’on était arrêtés au bord de la route, on avait été rejoint par un Italien qui voyage seul dans un Duster. Il ne sort pas de la voiture pour discuter, bizarre, mais on va lui parler par sa fenêtre. C’est au fil de la conversation qu’on comprend qu’il est paraplégique et ne peut se déplacer qu’en fauteil roulant. Et il nous explique qu’il part seul dans les montagnes kirghizes chaque année. Chapeau !

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Le lendemain, l’heure de vérité a sonné. On atteint 2400, 2600 m, altitude fatidique : rien. 2900 m : RAS. On est vraiment soulagés, il semblerait qu’on est maintenant parés pour les hauts cols de Pamir (4500 m), et que les ennuis mécaniques sont derrière nous.

Vraiment ? attendez la partie 2 de notre série sur la mécanique.