Ca part en sucette

  9 août 2016

Les centaines de kilomètres de pistes du Pamir nous avaient fait oublier les problèmes de mécanique : la bonne route nous a fait remonter quelques bruits suspects et de mauvaises augure. La route depuis Khorog est un peu catastrophique et s’est fait secouer presque jusqu’à la capitale Dushanbe. On s’arrête pour manger et on repart aussi sec en direction de l’Ouzbékistan, par deux cols qui se franchissent par des tunnels. 10 ans auparavent les tunnels n’étaient pas encore creusés et j’étais passé en moto par les cols, qui étaient superbes. Mais ces cols sont enneigés plusieurs mois par an, donc le nord du pays (la vallée de la Ferghana) était coupé de la capitale chaque hiver. Un premier tunnel (Anzob) a été creusé par les Iraniens, qui se sont barrés avant d’avoir terminé. Innondé, sans revêtement, sans éclairage et sans ventilation, il était connu sous le nom de “tunnel de la mort”. Dernièrement, ils l’ont refait et on roule maintenant sur un dalle en béton et les écoulements sont drainés. Manquent encore la ventilation et l’éclairage, donc l’atmosphère est toujours aussi irrespirable. En voiture, ça va, on traverse en 5 minutes. Mais les motards dégustent, et les cyclistes risquent leur santé (d’ailleurs on les oblige à monter dans un camion). Le tunnel est bi-directionnel, sauf pour les camions. Les locaux en voitures bombardent et n’hésitent pas à nous dépasser au milieu d’un brouillard de gaz d’échappement et aveuglés par les grands phares des voitures d’en face. Les accidents sont fréquents, heureusement pour nous ça passe sans mal.

normal

normal

Le tunnel suivant, au col de Sharistan, est plus récent, construit par les Chinois, il bénéficie des derniers raffinements comme un éclairage intérieur… C’est presque un tunnel normal.

normal

normal

On a bien essayé de prendre les cols, mais ceux-ci sont impraticables car laissés à l’abandon depuis l’ouverture des tunnels. Dommage, surtout pour les cyclistes et les motards !

normal

C’est en redescendant du premier col qu’on se rend compte que la direction “guidonne” très fort. Dans les nids-de-poule, elle part en vibrations incontrôlées qui sont plutôt dangereuses. On inspecte un peu la direction, mais sans détecter de problème sur l’amortisseur de direction, à part un peu de jeu sur la barre stab, mais cela ne devrait pas avoir d’influence… On continue donc tranquillement en visant un garage au prochain bled d’importance, à Khujand, la deuxième ville du Tadjikistan. En fait, on trouvera à Isarawshan un garage qui peut s’occuper de nous. Premier problème : trouver un amortisseur de direction pour un véhicule très peu fréquent ici. On a rencontré plusieurs Landcruiser identiques dans le Pamir, mais ici tout est plat et les locaux roulent en Mercedes ou en Opel (chaque pays a sa spécialité ; ici ce sont les Opel d’occasion ramenées d’Europe). Un gars très sympathique lance quelques coups de fil et arrive à nous dégotter un amortisseur de direction pile de la bonne longueur. Soi-disant neuf, on remarque encore les coups de chiffon pour le nettoyer… bref, si il résout notre problème, pourqoi pas ? En passant, on discute également du jeu dans une rotule de direction qui pourrait expliquer les vibrations dans le volant. Le proprio nous comme par magie une rotule nouve, OK, ça va, on la change. On observe donc un jeune s’escrimer sur la barre de direction pour démonter la rotule fusillée, bloquée par la corrosion. Encore un boulot qu’on laisse volontiers aux jeunes, même si celui-ci utilise un peu lourdement le marteau.

normal

normal

Bref, on repart délestés de quelques dollars et avec un nouvel amortisseur, mais on en profite pour visiter un monument à la gloire de je-ne-sais-qui et une belle vieille mosquée au centre de la ville.

normal

normal

C’est en repartant de la mosquée que je recule sans remarquer un arbre au milieu de la cour, qui se précipite contre notre porte-roue et je défonce la porte arrière !!! La porte ne d’ouvre plus, on a l’air malin. Je suis pas très fier mais heureusement Cécile ne m’en veut pas trop. On repart à la recherche d’un carossier, cette fois. On le trouve grâce à un jeune qui fait ses études en Malaisie et qui parle anglais. Il nous amène dans un fond de cour ou les épaves de voiture s’accumulent. Epaves pour nous, là-bas il fait nul doute qu’elle repartiront sur les routes, comme neuves (enfin, d’apparence en tous cas).

normal

normal

Le patron s’attaque à notre problème, aidé de deux sbires. A coup de levier et de burin, en soudant des points d’appuis et en utilisant une masse d’inertie pour arriver à réouvrir la porte et a lui redonner une forme plus ou moins originale. Enfin, c’est pas du travail d’orfèvre mais le résultat est une porte qui s’ouvre et qui se ferme, ce qui est pas plus mal, même si l’étenchétité n’est plus trop garantie. Le porte-roue avait déjà pas mal amoché la porte, mais là, faudra vraiment penser à faire quelque chose en rentrant !

normal

Ceci étant réparé, on repart mais on remarque vite que le problème de direction n’est pas résolu. En fait, il semble que l’amortisseur de direction n’arrive pas mieux à contenir les vibrations qui reviennent de temps en temps. Pas cool, on a encore plusieurs milliers de kilomètres sur de bonnes routes et il nous faudra une direction stable, question de sécurité. Mais que faire de plus ? patience, on a pas fini d’en découdre avec notre chameau, mais à partir de maintenant les dialogues de sourds se feront en ouzbèke plutôt qu’en tadjike.