Fête du Cheval et Anglais en galère

  6 août 2016

Comme vous vous certainement en êtes aperçus, ce blog n’a rien de chronologique. En effet, nous n’avons pas eu de connexion internet pendant longtemps. Du coup nous avons pris le parti de raconter nos aventures par thèmes et non au jour le jour. A l’instant où j’écris ces lignes, nous sommes ENCORE dans un garage ! Dans quelques jours, Laurent vous racontera le détail des réparations mécaniques. Là, il vient de m’annoncer qu’un croisillon de cardan est tout foutu, et qu’un gars est parti au bazar voir s’il pouvait en trouver un autre équivalent. Bon, et s’il ne trouve pas… ? ben va falloir improviser car pas moyen de remonter l’ancien. Bon. Il nous reste juste 700 bornes de mauvaise route dans le désert (ouzbèke puis kazakhe) avant la prochaine grande ville, pas l’endroit où tomber en rade… En attendant, j’en profite pour faire un dernier post sur le Pamir que nous avons quitté il y a déjà une semaine.

Après avoir passé 15 jours dans le Pamir au Tadjikistan, nous décidons de remonter vers le nord et de retourner pour 2 jours au Kirghizstan pour assister à la fête du cheval et du yak au pied du pic Lénine. Il faut donc repasser la douane au nord de Karakol, une petite ville désolée où même la mosquée est foutue, c’est dire…

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On prend notre temps en faisant un petit tour chez les nomades dans une vallée secondaire.

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Les nomades du Pamir sont d’ethnie khirgize mais de nationalité tadjike, et ils vivent sous des yourtes. Les Pamiris sont plutôt sédentaires et vivent dans des maisons en dur. Quand aux Tadjikes.. ils vivent plutôt en ville. C’est un peu compliqué dans cette région.

Coté tadjike, la douane est une des plus pourries que nous ayons connue. Les douaniers occupent des cahutes branlantes et d’anciennes citernes aménagées en bureau. Il y a d’une part les douaniers officiels mais aussi des parasites installés là pour soutirer du pognon aux touristes, et qui doivent certainement reverser une petite part de leurs bénefs aux officiels pour avoir le droit de ponctionner les voyageurs.

Lors de notre premier passage, en plus du permis officiel, nous avions payé une taxe de « quarantaine », négociée pour l’équivalent de 12€ (sans reçu évidemment). Pendant que Laurent parlemente avec les douaniers pour conserver le permis officiel entre deux entrées (il n’y arrivera malheureusement pas), j’essaye de me faire copine avec les resquilleurs « vendant » la taxe de quarantaine en prévision de notre retour dans quelques jours. L’un d’entre eux me montre fièrement son pendentif en tour Eiffel (certainement un « petit cadeau » d’un touriste gaulois). On fait le tour des acteurs français, Gérard Depardiou, Pierre Richard, Jean Réno, Commissaire Jouve… ils connaissent plus de séries TV que moi ! A part de la paperasse et un tampon sur le passeport, les douaniers ne nous demandent pas d’ouvrir les voitures (comme à l’aller d’ailleurs), ils s’en foutent complètement.

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Dans la deccente du col qui forme le no-man’s land entre le poste de douane tadjike et kirghize, des touristes en panne nous font signe : avez-vous des outils ? oui, pour quoi faire ? ben on a cramé l’embrayage… mouais, nos outils ne vont pas suffire ! Ce sont deux anglais qui ont acheté une Mercédès au bazar des voitures à Bichkek au Kirghizstan et qui veulent aller faire un tour dans les Pamir puis revenir et revendre la voiture au même prix. Ils ont pris deux auto-stoppeurs (histoire de couvrir les frais d’essence voire un peu plus), un Portugais roots et un Polonais impeccable en costard et petites chaussures proprettes. Ils n’ont que des sacs de couchage d’été, pas de tente, pas de bouffe (mais ils ont de la vodka), ils ne peuvent pas rester là. On les convainc de faire demi-tour et d’aller réparer au premier bled khrgize. On leur propose des les suivre dans la descente, vu que la piste est toute pourrie. Effectivement, les ponts sont effondrés et ils restent plantés dans le premier gué à traverser. Ils n’ont qu’une petite sangle rafistolée alors on sort notre sangle et on les remorque jusqu’à la douane kirghize, puis jusqu’à la prochaine bourgade, là ils se peuvent se débrouiller avec les mécanos locaux.

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Le passage de la douane kirghize se fait sans problème, là aussi, un coup de tampon et c’est bon, pas de fouille. Juste une taxe de « pollution » au passage, quand même. On laisse les Anglais à Sary Tash (on les recroisera par hasard plus tard à deux reprises dans les Pamirs, ils auront refait l’embrayage, puis perdu le pot d’échappement ; le Polonais aura un autre beau costard et le Portugais nous parlera avec nostalgie du poisson qu’on fait griller dans son pays alors qu’ici on le mange frit, c’est dégueulasse). Cette fois, la station a du diesel, donc on fait le plein, car il est de meilleure qualité et moins cher qu’au Tadjikistan.

On mange un morceau tranquillement puis on file au pied du pic Lénine pour s’installer pour le festival du cheval qui doit avoir lieu le lendemain (croyons-nous). On voit plusieurs voitures descendre en sens inverse… bizarre… au fait, qui a vérifié la date du festival ? toi ? non toi ? Argh…. On arrive pour la fin des festivités, on s’est trompés d’un jour, la looooze ! Tout ça pour ça ! 200 bornes de route, les passages de frontière, et en plus le temps se couvre on n’a même pas de vue sur les montagnes… On profite quand même pour regarder une partie de Bouzkachi où les cavaliers se disputent une carcasse de chèvre. On n’a pas vraiment saisi les règles, mais probablement que le jeu s’en passe très bien. Le principe : on jète une carcasse de chèvre sans tête par terre et tout-le-monde se jère dans la mêlée pour essayer (un peu) d’attrapper la chèvre et (surtout) empêcher les autres de le faire et les bloquer dans un grande mêlée, où les chevaux n’ont pas l’air de comprendre pourquoi on les cravache comme des digues alors qu’il n’y a pas la place d’avancer. Pas d’équipe, pas de buts, pas de chrono, pas de limite de terrain, pas d’arbitre.. Seule règle, tacite, et peut-être récente : les armes sont interdites et il est recommandé de ne pas piétiner les spectateurs (autant que possible).

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Après une nuit de bivouac sous la pluie, on repart donc en sens inverse un peu penauds. On repasse la douane kirghize rapidement, on connait tout le monde maintenant ! Le temps s’est sérieusement gâté et la pluie se transforme en neige. Heureusement la pente n’est pas très forte et on passe le col sans problème.

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Au poste tadjike on trouve un groupe de cyclistes gelés qui se réchauffe autoru du poële des douaniers. Il faut dire que la route principale qui traverse les Pamirs est très très fréquentée par les touristes à vélo. On a parfois croisé plus de vélos que de voitures ! Ils sont courageux, bravo. Et nous, qu’est-ce qu’on les envie pas, au chaud dans la voiture !

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On retrouve donc nos copains douaniers et associés. On repaie notre permis officiel (25$), puis on passe aux officieux : re-palabres, re-Commissaire Jouve re-Depardiou, etc. Cette fois on nous dirige vers un amateur de vodka qui nous invente une nouvelle taxe pour les parcs nationaux. Un Hollandais qui nous précède vient de lui lâcher 15€ sans discuter. On l’ignore ; le gars finit par abandonner l’affaire et retourne cuver sa vodka avec ses copains. On négocie à la baisse la taxe de la quarantaine (ça passe à 8€ au lieu de 12), on se débrouille décidemment mieux que le Hollandais qui a lâché 20€ de plus. Le temps se lève coté tadjike, la neige fond, ça va aller pour le mieux !

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